Par-delà le bien et le mal

lundi, octobre 30, 2006

Le cadre

Le cadre… c'est une partie de notre univers.
Pour certains, c'est l'ensemble du monde, pour d'autres ce n'est qu'un lieu de passage obligé. Le cadre, c'est l'endroit ou nous sommes tous obligés d'évoluer par moment. C'est un endroit délimité par un mur, une frontière… que certains franchissent et d'autres non.

Le cadre… c'est aussi ce qui nous uni, il est rempli de besoins et d'envies. C'est là que l'on mange, que l'on communique sur les modes qu'on a appris et que l'on fait tout ce que notre corps nous demande.

Le cadre… c'est nos lois, nos règles, nos normes, notre société et ses mœurs, les parcelles de pouvoir des uns sur les autres. C'est là où l'on joue au jeu de la vie…

Pourtant… le cadre n'existe que parce que la plupart d'entre nous souhaitent qu'il existe. Les frontières ne sont pas gardées… on peut les franchir. Les seules choses qui nous en empêchent sont la peur, l'ignorance et le conditionnement.

L'intérêt et le problème d'une sortie du cadre, c'est qu'il n'y a pas de limite, pas de voix tracées, pas de méthode. Il suffit de le vouloir, d'en avoir la conscience et le courage. C'est à la fois difficile d'en sortir et tout aussi difficile d'y revenir. Mais c'est encore plus difficile de ne pas y retourner une fois que l'on a découvert qu'on pouvait passer au-dessus du mur.

Je fais parti de ceux qui sont sorti du cadre.

Je sais que je ne suis pas seul, car j'en ai croisé d'autres dans ces limbes immenses et inconnues. Il est rassurant de croiser d'autres personnes hors du cadre. Cela signifie que l'on n'est pas complètement égaré… si d'autres se promènent par ici, c'est que cet endroit existe… et s'il existe, c'est qu'il y'a une raison pour qu'il existe. Reste à la trouver et à la comprendre…

Pourtant, s'il est facile de communiquer et de se regrouper à l'intérieur du cadre, c'est extrêmement difficile à l'extérieur. D'une part car nous sommes beaucoup moins nombreux, d'autre part car c'est une immensité sans repères… et enfin car on ne peut pas y rester trop longtemps… obligés que nous sommes a de fréquents retours dans le cadre… pour y reprendre notre souffle humain.

Pour me permettre une métaphore, je dirais que l'on peut comparer le cadre à une île entouré d'un océan immense. L'océan, on peut y plonger en apnée et y sonder la profondeur, pourtant… il est difficile d'échanger et de l'explorer avec d'autres. Il faut remonter régulièrement, pas toujours au même rythme, selon les capacités pulmonaires de chacun, selon la façon de nager, les phobies, les craintes et difficultés de chacun. Sur l'île, c'est plus simple… on est tous sur une surface plus facile à appréhender, à la même hauteur, avec un minimum de diffraction… mais aussi un minimum d'intérêt… surtout pour celui qui aime le monde de l'eau…

Regarder le cadre, c'est comme regarder la télévision. Ce qu'on y voit nous est familier… pourtant, on sait au fond de nous-même que cela nous est aussi étranger. Si on est sorti du cadre, ce n'est surement pas pour se contenter de l'observer.
Regarder le cadre, c'est intéressant et instructif pendant un petit moment… mais ensuite, cela devient aussi lassant et inutile que de regarder la télévision. Après un temps, on se dit, qu'il est temps de laisser le cadre ou il est… et de continuer son chemin… à la recherche d'explorations et d'explorateurs.

Bon… il va falloir que je revienne dans le cadre. Je vais poster ce texte et je vous propose de nous retrouver (moi et vous, éventuel lecteur) à l'extérieur très bientôt…

mardi, octobre 17, 2006

Rape me

Je viens de voir le film « une vérité qui dérange ».
Bien que je savais globalement ce que je verrai dans ce film… c'est toujours quelque chose de le constater par la démonstration. J'ai eu une drôle d'impression… l'impression de voir mon testament d'être humain, de voir quelqu'un me montrer la fin du chemin…

A la sortie de la salle l'ambiance était pesante. Même si la tradition et la mentalité américaine fait que la fin du film ait été l'objet d'une apologie d'espoirs… cela pénètre plus difficilement les sensibilités, plus réalistes, des européens.
Drôle de sensation en croisant des gens jusqu'à la caisse automatique du parking. Je regardais ces gens, qui évoluent tous dans cet univers avec insouciance. En les croisant, j'avais parfois l'impression de voir l'ombre de « la faucheuse » qui ricanait en surimpression. En payant mon ticket de parking, j'entends ma voisine de caisse se plaindre du manque de lumière au-dessus de la caisse… Je n'accorde même pas un soupir à ces petits tracas et je regagne ma voiture. Je n'ai qu'une envie… me retrouver seul au plus vite. La seule présence d'êtres humains me procure une nausée mentale.

Je prends la route pour rentrer chez moi. Certaines images du film parcourent mon esprit… je revois ces énormes blocs de glace qui se fracassent sur l'océan… je me rappelle l'image des fourmis et des termites d'un extrait d'avant le film… dans mon esprit, c'est l'homme qui est une termite… la plus terrifiante des termites.
J'allume la radio… la musique a toujours été un stimulant important pour moi. En traversant la foret, je ne peux m'empêcher de regarder les arbres… je repense aux images de la déforestation… le problème du CO2… et … a ce moment là, j'entend la chanson qui passe à la radio. Il s'agit d'une chanson que j'ai beaucoup aimé dans le passé: « Rape me » de Nirvana. Je regarde à nouveau les arbres… j'ai l'impression de les voir souffrir… de les voir me regarder avec les yeux de la victime qui se sait condamnée… « Rape me »… « rape me, my friend »… chante la radio… Je sent un picotement… une sensation que je n'avais pas ressenti depuis longtemps : mes yeux se remplissent d'eau… un filet commence à couler le long de ma joue droite…. La chanson se termine… « rape me… again… »

La chanson est terminée… dans ma tête une autre chanson enchaîne immédiatement… je la reconnaît tout de suite : « il faut que tu respires » de Mickey 3D. Les vers me parcourent l'esprit :
«…
Le pire dans cette histoire c'est qu'on est des esclaves
Quelque part assassin ici bien incapable
De regarder les arbres sans se sentir coupable
A moitié défroqué cent pour cent misérable
Alors voilà petit l'histoire de l'être humain
C'est pas joli joli et j'connais pas la fin
T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou
Qu'on remplit tous les jours comme une fosse à purin
… »

J'arrive à bon port. Rien n'a encore bougé. Je vie encore une journée humaine… et je pourrai croire que ceci existera toujours.
Mais ce n'est pas vrai et je le sais.