Par-delà le bien et le mal

mardi, octobre 17, 2006

Rape me

Je viens de voir le film « une vérité qui dérange ».
Bien que je savais globalement ce que je verrai dans ce film… c'est toujours quelque chose de le constater par la démonstration. J'ai eu une drôle d'impression… l'impression de voir mon testament d'être humain, de voir quelqu'un me montrer la fin du chemin…

A la sortie de la salle l'ambiance était pesante. Même si la tradition et la mentalité américaine fait que la fin du film ait été l'objet d'une apologie d'espoirs… cela pénètre plus difficilement les sensibilités, plus réalistes, des européens.
Drôle de sensation en croisant des gens jusqu'à la caisse automatique du parking. Je regardais ces gens, qui évoluent tous dans cet univers avec insouciance. En les croisant, j'avais parfois l'impression de voir l'ombre de « la faucheuse » qui ricanait en surimpression. En payant mon ticket de parking, j'entends ma voisine de caisse se plaindre du manque de lumière au-dessus de la caisse… Je n'accorde même pas un soupir à ces petits tracas et je regagne ma voiture. Je n'ai qu'une envie… me retrouver seul au plus vite. La seule présence d'êtres humains me procure une nausée mentale.

Je prends la route pour rentrer chez moi. Certaines images du film parcourent mon esprit… je revois ces énormes blocs de glace qui se fracassent sur l'océan… je me rappelle l'image des fourmis et des termites d'un extrait d'avant le film… dans mon esprit, c'est l'homme qui est une termite… la plus terrifiante des termites.
J'allume la radio… la musique a toujours été un stimulant important pour moi. En traversant la foret, je ne peux m'empêcher de regarder les arbres… je repense aux images de la déforestation… le problème du CO2… et … a ce moment là, j'entend la chanson qui passe à la radio. Il s'agit d'une chanson que j'ai beaucoup aimé dans le passé: « Rape me » de Nirvana. Je regarde à nouveau les arbres… j'ai l'impression de les voir souffrir… de les voir me regarder avec les yeux de la victime qui se sait condamnée… « Rape me »… « rape me, my friend »… chante la radio… Je sent un picotement… une sensation que je n'avais pas ressenti depuis longtemps : mes yeux se remplissent d'eau… un filet commence à couler le long de ma joue droite…. La chanson se termine… « rape me… again… »

La chanson est terminée… dans ma tête une autre chanson enchaîne immédiatement… je la reconnaît tout de suite : « il faut que tu respires » de Mickey 3D. Les vers me parcourent l'esprit :
«…
Le pire dans cette histoire c'est qu'on est des esclaves
Quelque part assassin ici bien incapable
De regarder les arbres sans se sentir coupable
A moitié défroqué cent pour cent misérable
Alors voilà petit l'histoire de l'être humain
C'est pas joli joli et j'connais pas la fin
T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou
Qu'on remplit tous les jours comme une fosse à purin
… »

J'arrive à bon port. Rien n'a encore bougé. Je vie encore une journée humaine… et je pourrai croire que ceci existera toujours.
Mais ce n'est pas vrai et je le sais.